Quel rôle pour les données spatiales dans l’étude et la mise en place des dispositifs institutionnels d’adaptation à la chaleur des milieux urbanisés : cas d’application aux réseaux publics d’espaces refuge.

Résumé : Les milieux urbanisés sont soumis à des événements météorologiques extrêmes, comme les vagues de chaleur, exacerbées par l’effet d’îlot de chaleur urbaine. L’enjeu pour les villes est de mettre en place des stratégies d’atténuation et d’adaptation en tenant compte des contextes locaux et réalités vécues. Le concept “d’espaces refuge” apparaît comme une réponse à cet enjeu contribuant à la fois aux politiques de gestion de risques et catastrophes et aux politiques de planification urbaine. Des "cooling centers" aux USA dans les années 90 jusqu’au Climate Shelter Network à Barcelone, ces espaces évoluent et deviennent des composantes intégrantes de l’espace urbain à l’échelle du quartier. En impliquant la population, ils permettent une responsabilisation collective accroissant la résilience climatique de la communauté.

Inscrite dans les principes de recherche-action, cette thèse explore le potentiel des réseaux de bibliothèques comme espaces refuge. Leur accès public, leur infrastructure existante et leur rôle centré sur la communauté leur confèrent un potentiel de levier d’action pour les acteurs institutionnels. Il est alors nécessaire de caractériser ces structures, leur environnement et leur accessibilité afin de déterminer si elles peuvent et sous quelles conditions être intégrées dans un dispositif institutionnel.

Pour ce faire, le rôle des données spatiales, qu’elles soient sociales ou environnementales, sera exploré en combinant une pluralité d’approches (télédétection, modèles climatiques, systèmes d’information géographique (SIG), géostatistiques ou encore science participative). A partir d’un référencement des données disponibles sur les territoires d’étude, il s’agira d’évaluer comment la fusion de ces données multi-sources, multi-échelle et hétérogènes peuvent être combinées pour caractériser le potentiel de confort thermique du bâtiment et son accessibilité via des trajets thermiquement confortables. A partir de ces résultats, une analyse sera menée pour proposer une démarche méthodologique permettant d’identifier et prioriser les actions nécessaires afin d’intégrer les bibliothèques à un dispositif institutionnel d’espace refuge. Les territoires étudiés sont la Galice, en Espagne, et la métropole de Toulouse, en France, dont les enjeux socio-environnementaux et la disponibilité en termes de données diffèrent, permettant un comparatif en termes de méthodologie à mettre en place pour amener à des stratégies d’adaptation concordant aux contextes locaux et enracinées dans les expériences des populations concernées.

Ma motivation :

Cette thèse, par son ambition holistique et son interdisciplinarité, intègre non seulement une perspective environnementale et sociale, et défend également la cause d’une science action qui me paraît nécessaire. L’urgence de traduire la recherche théorique en solutions pragmatiques est plus pressante que jamais, en particulier dans les milieux urbains sensibles aux adversités induites par le climat impliquant des populations inégalement vulnérables.

Ces travaux s’insèrent dans un chantier de recherche interdisciplinaire émergent et international qui stimule cette démarche. Cette thèse sera rythmée par des collaborations avec divers projets en cours et/ou émergents alliant approches par des sciences humaines et sociales et des sciences pour l’environnement. La diversité des terrains d’études se prêtent également à cette approche et ne font qu’enrichir ma curiosité sur la prise en compte des particularités locales à différentes échelles.

La vulnérabilité d’un territoire et de sa population ne peut être atténuée sans compréhension du système complexe multifactoriel caractérisant l’espace considéré : ce sujet de thèse remplit donc des critères qui animent ma volonté d’implication dans la recherche.

Mon parcours :

La double licence d’histoire et de géographie-aménagement m’a conduit à un master en télédétection et environnement. Ces formations ont développé mon intérêt pour la compréhension des territoires comme des systèmes complexes dépendant de boucles de rétroaction liant une multitude de facteurs, des phénomènes nécessitant d’élargir mes horizons analytiques. Parallèlement, le PhD Track Transition Environnementale à l’ENS Rennes a permis de m’impliquer dans un projet de recherche interdisciplinaire. Le cadre général de l’ENS a enrichi cette démarche par divers échanges informels avec des étudiants de disciplines variées alimentant ma curiosité envers des approches différentes.

Deux stages m’ont permis de mettre en pratique ces approches du fait de, premièrement l’étude de l’évolution de l’espace urbain et de son climat grâce à des données satellitaires et deuxièmement par la prise en compte de données spatiales hétérogènes pour analyser la vulnérabilité de la population à la chaleur en milieux urbanisés

Ces expériences ont mis en évidence l’importance d’une approche interdisciplinaire pour relever des défis environnementaux et sociaux complexes à différentes échelles et ont confirmé mon intérêt à poursuivre sur la thématique de la chaleur en ville tout en me donnant des pré-requis pour poursuivre dans ce sujet de thèse.

Figure 1. Cartographie des zones de fraîcheur sur la ville de Toulouse, sur le portail de Toulouse Métropole, version 2021. Cette thèse se concentre sur les lieux culturels que sont les bibliothèques et vise à explorer la fusion de données multi sources pour évaluer les enjeux socio-environnementaux de leurs zones d’implantation, caractériser leur bâtiment, l’accessibilité de la population et les actions nécessaires à mettre en place pour les intégrer à un dispositif institutionnel d’espaces refuge.
https://carto.toulouse.fr/ZONESFRAICHES/?t=ZONESFRAICHES